L'Atelier de la mémoire de Sylvie Simon  (1927/2013)

L'Atelier de la mémoire de Sylvie Simon (1927/2013)

Révéler la désinformation et les mensonges en matière de santé et d'environnement et éveiller les consciences


Rien ne sert de leçons à nos gouvernants

Publié par Sylvie Simon sur 16 Juillet 2013, 09:25am

Catégories : #Les études scientifiques contestées - Conséquences

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           Au moment de la sortie du best-seller 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux écrit par les Professeurs Philippe Even et Bernard Debré, nombre d’entre nous se sont réjouis en pensant : « Enfin, les lanceurs d’alerte sont entendus ». En effet, il semblait heureux que certains médecins réputés disent enfin tout haut ce que tous les lanceurs d’alerte crient sur les toits, mais en vain, depuis plus de dix ans.
Et le Pr Bernard Debré posait alors la question cruciale : « N'y a-t-il pas un vrai problème quand on prescrit des médicaments qui ni ne soulagent ni ne soignent ? » ajoutant que « trop de médicaments sont dangereux ! »
 
          Interviewé par Corsematin.com, il confirmait : « il y a trop de médicaments dangereux ou totalement inutiles. Au moins la moitié des quatre mille actuellement sur le marché. Ce n'est pas une vue de l'esprit, mais le fruit de douze ans de recherche. Pas non plus notre première alerte : nous avons écrit trois livres avec le Pr Philippe Even sur le même thème. La différence, c'est qu'ils n'avaient intéressé que deux ou trois mille lecteurs, et là, c'est absolument extravagant. Nous en sommes à plus de 260 000 exemplaires. »
On l’a alors accusé de faire peur aux malades. « Mais qu'est-ce qui fait le plus peur ? Notre travail de recherche qui divulgue ce que tout le monde médical sait, et dont l'affaire du Mediator fut l'illustration ? Ou est-ce le fait que la moitié des médicaments bénéficiant d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) sont dans le meilleur des cas des leurres, des placebos ? »
         Pour se dédouaner, le vice-président de l'AMM a assuré qu'il avait alerté la garde des Sceaux, Mme Elisabeth Guigou, sur les dangers de 850 produits dont le Mediator. Réponse de Bernard Debré : « Le Médiator a fait les dégâts que l'on sait et ces 850 médicaments sont toujours prescrits. »
Et il signale aussi, entre autres, le cas de l'Aricept : « Présenté comme un vrai espoir pour les patients qui souffrent d'Alzheimer, l'Aricept n'est d'aucune - j'insiste : d'aucune ! - efficacité. Tout le monde médical le sait. Quand on le dit haut et fort, on vous rétorque : “Oui, mais on n'a rien d'autre !” La belle affaire : non seulement, on ment aux patients mais, dans le même temps, ces prescriptions inutiles quand elles ne sont pas dangereuses coûtent 10 à 15 milliards d'euros. »
               Bernard Debré préconise au moins le déremboursement de ces médicaments inefficaces et, bien évidemment, le retrait de ceux qui sont dangereux, et rappelle que, chaque année en France, on déplore 20 000 décès et 100 000 hospitalisations liés à la seule prise de médicaments. « Le simple déremboursement de ces médicaments permettrait de redresser les comptes de la Sécu ! Ce ne serait pas un luxe dans une situation sociale si difficile où il faut traquer les déficits publics, non ? Mais c'est manifestement sans compter sur le fait qu'en France, l'industrie pharmaceutique est sans doute la plus lucrative, la plus cynique, la moins éthique de toutes. »
(Je signale à mes lecteurs que j’avais déjà annoncé ces dérives et ces chiffres dans mon ouvrage La Dictature médico-scientifique dès 1997. Ils n’ont guère diminué depuis lors). En effet, sur les quarante présidents des commissions de l'autorité de mise sur le marché des médicaments, il y a trente et une personnes qui sont encore en conflit d'intérêt, soit étant sous contrat privé avec des laboratoires pharmaceutiques, soit étant actionnaires dans ces mêmes labos. Ils sont ainsi juges et parties.
          Bernard Debré s’en prend également et à juste titre à sa collègue de l'UMP : « Roselyne Bachelot se répand partout en prétendant que je ne suis pas légitime. Cette même Bachelot qui m'avait injurié lorsque j'avais, en juillet 2009, voulu alerter les pouvoirs publics sur ce qui demeure pour moi la plus grande manipulation de santé publique : le vaccin de la grippe H1N1. Dès juillet 2009, toute la communauté scientifique savait que ce virus était pandémique certes, mais moins dangereux que la grippe saisonnière, et surtout que les experts qui avaient rédigé le rapport alarmiste sur le H1N1 étaient tous affiliés au laboratoire qui allait produire le vaccin ! »
Ces deux médecins comprennent mieux à présent la vindicte lancée contre les lanceurs d’alertes qui osent dire la vérité. Notre ancienne secrétaire d'État à laSanté Madame Nora Berra n’a-t-elle pas déclaré sur BFM que j’étais une menteuse et qu’on devrait me mettre en prison ? Mais, étant médecins bien que dissidents, nos deux Professeurs sont loin d’être isolés dans ce combat contre la pensée régnante orchestrée par Big Pharma.
          Lorsqu’en février 2011 le Formindep a le premier lancé l’alerte au sujet du pantouflage de Thomas Lönngren, directeur exécutif de l’Agence Européenne du Médicament devenu conseiller de l’industrie pharmaceutique, il a pu compter sur des relais précieux dans la société civile à travers toute l’Europe : le Health Action International, Corporate Europe Observatory ou l’ISDB.
          Déjà, en septembre 2012, Philippe Foucras a participé en tant que président du Formindep à deux réunions au ministère de la santé, en application de la nouvelle loi sur le médicament issue du drame du Mediator, afin que les firmes pharmaceutiques rendent publiques les conventions qu’elles passent avec les professionnels de santé ou leurs associations, ainsi que les avantages en nature ou en espèces qu’elles leur procurent.
Le 27 octobre, il écrivait sur son site :   
         5929473721_81ec1b1aa0.jpg« Ces conventions, plusieurs dizaines de milliers par an selon l’ordre des médecins, ces avantages, parfois très petits au point de paraître insignifiants aux yeux de ceux qui les reçoivent, mais efficaces du fait même de cette insignifiance, ou alors très importants, plusieurs centaines de milliers voire de millions d’euros pour certains leaders d’opinions hospitalo-universitaires, constituent le bain nourricier qui permet à l’industrie pharmaceutique de maintenir sous sa dépendance l’ensemble du milieu médical, des plus petits aux plus gros et, on l’a vu avec le Mediator, les autorités de santé qui utilisent les experts du dit milieu. »
Son intention était de permettre aux usagers de santé d’évaluer en toute transparence le niveau d’indépendance de ceux qui les soignent, et d’ouvrir les yeux aux professionnels de santé sur l’importance des influences qu’ils subissent, afin de faire les choix éthiques et déontologiques pour s’en libérer si possible.
          « Pour ma part le plus choquant a été d’être le témoin de l’attitude de fonctionnaires de la République française, soumis et écrivant quasi sous la dictée de l’industrie les lois de la République. J’ai entendu, effaré, des fonctionnaires au ministère de la santé plaider pour la préservation de la compétitivité de l’industrie, insister pour que les firmes, en difficulté dans un contexte difficile !, ne soient pas submergées par des lourdeurs administratives, alors que la production de ces données ne représenterait aucun obstacle pour des firmes qui les colligent méticuleusement pour leur marketing. J’ai vu à l’œuvre, scandalisé, la réalité de ce qu’on appelle la capture de l’État par des intérêts privés, comme des maîtres décernant avec condescendance un satisfecit à leur personnel. J’ai vu ce qui devait être une loi de santé publique dans l’intérêt général devenir une loi de développement du marketing industriel et de protection des intérêts privés, dévoyée pour organiser et développer en toute "légalité" l’opacité et la corruption du monde de la santé. »
  
5839093612_9acc41e254.jpgIl a vu aussi, après le scandale du Mediator, une partie de l’industrie pharmaceutique qui a été plus ou moins écartée des agences sanitaires, « mais qui reste littéralement chez elle, tutoiement et appellation par son prénom y étant de rigueur, dans les administrations où s’élaborent les lois. J’ai vu enfin l’assourdissant silence de politiques, élus ou ministres, pourtant alertés par les défenseurs. »
C’est ainsi que les patients n’auront pas le droit de savoir si leur médecin est consultant ou orateur pour une firme. « Les sommes en jeu sont pourtant importantes, supérieures à leur salaire pour certains leaders d’opinion qui courent les congrès et les plateaux de télévision : 600 000 euros pour un seul contrat de consultant relevé par l’IGAS (inspection générale des affaires sociales), qui a pointé la “forte opacité” de ces contrats. »
Au même moment, le 25 octobre 2012, par un Communiqué de presse, le Collectif Europe et Médicament a exigé la déclaration au premier euro des avantages et rémunérations offerts par les firmes aux soignants, et consultable sur un site internet publiquement accessible, au lieu du projet de décret qui organise l’opacité sur des pratiques contraires à l’intérêt des patients.
3230769607_4475395cf3.jpg« Madame Marisol Touraine, ministre de la Santé, doit respecter les engagements du Président de la République en matière de conflit d’intérêts, la volonté de la loi, et les attentes légitimes des citoyens, en refusant de signer le projet de décret. Ce décret ne doit pas être l'occasion de délivrer un permis d’influence occulte au détriment des patients et de la Sécurité sociale, mais doit assurer une indispensable transparence sur les relations entre les firmes et les acteurs de la santé. »
Après toutes ces déclarations concomitantes, le gouvernement aura du mal à feindre d’ignorer la situation actuelle en déclarant, une énième fois, qu’il ne pouvait savoir « d’après les données actuelles de la science » à quel point la situation est pourrie.
 
Sylvie Simon

 
Le Dr Marc Girard: "Les Médicaments DANGEREUX, à qui la faute ?" 
 
 
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