L'Atelier de la mémoire de Sylvie Simon  (1927/2013)

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Gaz de schiste suite

Publié par Médiapart Marine Jobert sur 28 Février 2011, 16:23pm

Catégories : #Gaz et Pétrole de Schiste

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Article paru dans Médiapart : Gaz de schiste: Toreador, une société pressée

Par Marine Jobert.

 

Il y a un an, Jean-Louis Borloo signait en catimini trois permis autorisant l’exploration du sous-sol d’une zone de 15.000 km2, à la recherche de gaz de schiste. Six mois plus tôt, les sociétés Toreador Energy France et Hess Oil France – à la recherche de pétrole de schiste – avaient déjà obtenu un permis pour sonder le sous-sol de l'Aisne, de Seine-et-Marne et de la Marne (« Permis de Château-Thierry »). Un permis délivré à l’époque dans l’indifférence générale, dans un Bassin parisien déjà abondamment troué par l’industrie pétrolière en quête de pétrole « conventionnel ». Depuis, une polémique a éclaté autour des techniques d’extraction des hydrocarbures dits « non conventionnels ». La fracturation hydraulique, utilisée pour les libérer des roches compactes, est jugée polluante et destructrice pour l’environnement, le climat et la santé par nombre de riverains et de scientifiques aux Etats-Unis.

Résultat, des armées d’opposants de tous bords se sont levées dans bon nombre de régions françaises, et se réunissent près de Valence, samedi 26 février, pour une première coordination, avant une grande manifestation à Villeneuve-de-Berg (Ardèche) dans l’après-midi.

 

3181584161_4a5d98a67a.jpgC’est dans ce contexte tendu que Toreador avait participé le 10 février dernier à une réunion organisée par Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson, respectivement ministre de l’environnement et ministre chargé de l’énergie. Objectif : obtenir des industriels qu’ils suspendent les travaux prévus jusqu’à la remise d’un rapport sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux du gaz et du pétrole de schiste. Certains industriels s’étaient alors engagés à retenir les bulldozers jusqu’au 31 mai, date du rapport final; d’autres à ranger la foreuse seulement jusqu’à la mi-avril, à la remise du rapport d’étape.

 

Bien qu’ayant déjà annoncé des forages pour courant mars, Toreador accepte alors ce nouveau calendrier. Un report qui sonne comme une faveur consentie à une NKM en difficulté, puisque Toreador (dont le vice-président est Julien Balkany, le demi-frère du maire de Levallois-Perret) est munie de toutes les autorisations en bonne et due forme. Ce statu quo – appelé « moratoire » par certains – aura été de courte durée… Le 14 février, quatre jours seulement après la réunion de l’apaisement, la mairie de Doue (Seine-et-Marne) – la commune où devraient avoir lieu les premiers forages – reçoit une lettre de Toreador qui confirme « l’engagement de commencer le forage au plus tôt le 15 avril par un forage vertical d’investigation ne comprenant pour l’instant aucune fracturation hydraulique ».

 

Sur le papier, rien d’anormal : cette annonce est effectivement conforme à l’engagement pris. Sauf qu’annoncer la reprise des travaux deux mois à l’avance et alors que la mission n’en est qu’à ses balbutiements démontre trois choses. Primo, que l’agitation autour de ce dossier ne semble pas perturber le calendrier de travaux de Toreador, pas disposée à tenir compte des états d’âme ministériels. Secundo, que Toreador semble faire un  audacieux pari sur l’issue de ce rapport. Le maire de Doue, Jean-François Delesalle, estime en effet qu’« elle anticipe les conclusions du rapport final : on n’engage pas de telles sommes pour des travaux si on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête ! ». Tertio, que ce rapport purement consultatif risque de ne pas modifier le cours des événements. A noter d’ailleurs que ce rapport va être pour moitié élaboré par le CGIET (Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies), qui a déjà rendu un avis favorable au gaz et au pétrole de schiste, lors de la procédure d’attribution des permis d’exploration. C’est donc bien un dossier explosif que Jean-Louis Borloo a laissé à NKM, qui renvoie désormais sur Eric Besson. Les ministres passent, mais les problèmes demeurent.

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